L'IA au Service de la Détection Précoce de l'AVC : Une Révolution pour Sauver des Vies

Chaque minute compte lorsqu'un accident vasculaire cérébral (AVC) survient. Pourtant, la reconnaissance rapide des signes d'un AVC reste un défi majeur, avec des conséquences souvent dramatiques pour les patients. C'est dans ce contexte que s'inscrit la mission d'AI-Stroke : utiliser l'intelligence artificielle (IA) et la vision par ordinateur pour détecter les AVC le plus tôt possible, améliorer considérablement le pronostic des patients et ainsi sauver des vies.

Un AVC se produit lorsque l'apport de sang et d'oxygène à une partie du cerveau est soudainement interrompu. Cette interruption, qu'elle soit causée par une obstruction (AVC ischémique) ou par une hémorragie (AVC hémorragique), entraîne la destruction rapide des tissus cérébraux. En effet, chaque minute sans intervention, le patient perd jusqu'à deux millions de neurones, ce qui conduit à des séquelles irréversibles et souvent très graves. Si des traitements médicaux existent pour limiter les dégâts, leur efficacité dépend de la rapidité avec laquelle ils sont administrés. Malheureusement, dans la plupart des cas, la reconnaissance des symptômes est tardive, retardant ainsi l'arrivée à l'hôpital et réduisant les chances de récupération.

En 2022, dans les pays occidentaux, plus de la moitié des personnes ayant subi un AVC ne retrouvent jamais leur autonomie. Cette statistique alarmante souligne l'importance cruciale d'une détection précoce et d'une intervention rapide. Les chiffres globaux sont tout aussi préoccupants : chaque année, 15 millions de personnes dans le monde sont victimes d'un AVC, faisant de cette pathologie la deuxième cause de décès au niveau mondial. De plus, bien que les personnes de plus de 65 ans soient les plus touchées, 25 % des AVC concernent des individus plus jeunes, avec une augmentation notable des cas parmi les jeunes adultes ces dernières années.

Il existe deux types principaux d'AVC, chacun ayant ses propres causes et implications.

1. L’AVC ischémique : Représentant environ 80 % des cas, il survient lorsqu'un caillot sanguin bloque le flux de sang vers le cerveau. Ce type d'AVC est souvent le résultat de l'athérosclérose, une condition où les artères sont rétrécies ou obstruées par des dépôts graisseux, appelés plaques. Les principaux facteurs de risque incluent le diabète, le tabagisme, l'hypertension artérielle, le cholestérol élevé et l'obésité.

2. L’AVC hémorragique : Moins fréquent (environ 20 % des cas), cet AVC se produit lorsqu'un vaisseau sanguin éclate à l'intérieur du crâne, provoquant une hémorragie qui comprime le cerveau. L'hypertension artérielle est le principal facteur de risque, mais l'excès de poids, la consommation excessive d'alcool et le tabagisme augmentent également les risques.

Dans les deux cas, le temps est un facteur critique : plus l'intervention médicale est rapide, meilleures sont les chances de limiter les dommages et de préserver les fonctions cérébrales. Des avancées significatives ont été réalisées dans le traitement des AVC ischémiques avec des techniques comme la thrombolyse et, plus récemment, la thrombectomie, qui double les chances d'éviter des séquelles graves. Toutefois, pour que ces traitements soient efficaces, ils doivent être administrés dans un délai très court après l'apparition des premiers symptômes.

La reconnaissance rapide des symptômes d'un AVC est un élément essentiel pour assurer une prise en charge efficace. Les signes les plus courants comprennent une déformation de la bouche, une faiblesse soudaine d'un côté du corps (bras ou jambe), et des troubles de la parole. Cependant, ces symptômes ne sont pas toujours immédiatement évidents pour le patient ou son entourage, ce qui conduit souvent à un retard critique dans l'appel aux secours.

Comparé à une crise cardiaque, où la douleur intense alerte immédiatement le patient, un AVC peut être plus insidieux. Le patient peut ne pas ressentir d’urgence vitale, ce qui augmente le risque de ne pas reconnaître la gravité de la situation et de retarder ainsi l'intervention médicale.

C'est ici qu'intervient AI-Stroke. En exploitant les technologies de pointe en matière d'intelligence artificielle et de vision par ordinateur, notre solution vise à combler ce fossé en apportant une expertise médicale de haut niveau (comparable à celle d’un neurologue) à tout un chacun, partout et à tout moment. Notre application mobile utilise la caméra d'un smartphone ou d'une webcam pour analyser les signes cliniques visibles d'un AVC. Grâce à des algorithmes d'IA avancés, l'application peut détecter un AVC avec une précision au moins égale à celle d'un expert médical, en interprétant des images et des vidéos pour identifier les signes caractéristiques de cette pathologie.

L'une des composantes clés de notre solution est l'automatisation du NIHSS (National Institute of Health Stroke Scale), un test de référence mondial utilisé pour évaluer la gravité d'un AVC. Ce test, qui nécessite normalement l'intervention d'un spécialiste formé, est désormais accessible à tout un chacun grâce à notre application. Celle-ci guide l’utilisateur étape par étape pour réaliser le test, capturer les images nécessaires, puis analyse les résultats pour déterminer la probabilité d’un AVC et en prédire le type.

L'IA ne se contente pas de fournir un score NIHSS : elle offre également des indications précieuses sur l'orientation du patient vers le centre médical approprié, ce qui permet de gagner un temps précieux dans la prise en charge.

AI-Stroke ne se limite pas à la détection des AVC. Notre vision à long terme inclut le développement d’outils de surveillance pour les patients à risque, ainsi que des solutions innovantes pour améliorer la réhabilitation post-AVC. La rééducation est souvent un processus long et répétitif, qui souffre d'une pénurie de professionnels et de difficultés logistiques (comme les déplacements chez le praticien). En collaboration avec des physiothérapeutes et des neurologues spécialisés en réhabilitation, nous travaillons à rendre ce processus plus interactif et ludique, tout en réduisant les contraintes liées aux déplacements.

Notre objectif est de fournir aux patients des outils numériques qui facilitent leur rééducation à domicile, tout en maintenant une supervision médicale de haute qualité. Cela permettra non seulement d'accélérer la récupération, mais aussi de rendre cette période de réhabilitation plus agréable et moins contraignante pour les patients.